Note pour ceux qui ne connaissent pas le jeu de l’avion :

Supposons qu’un avion soit composé d’un pilote, de deux copilotes, de quatre chefs stewards, de huit hôtesses de l’air et enfin de seize passagers. Pour entrer dans l’avion, le passager doit payer 100 euros au pilote, soit pour seize passagers le pilote perçoit 1’600 euros.

Une fois cette somme perçue le pilote sort de l’avion et laisse sa place aux deux copilotes comme nouveaux pilotes de deux nouveaux avions dont l’équipage est composé chacun de la moitié de l’avion d’origine en prenant un degré d’ascension. Chaque nouveau pilote dispose de deux copilotes qui étaient dans l’avion précédant chefs stewards, de quatre chefs stewards qui étaient hôtesses de l’air et de huit hotesses de l’air anciennement passagers. Aux deux avions à trouver seize passagers prêts à investir 100 euros pour espérer devenir pilotes.

Ca fonctionne, je l’ai vécu, je suis arrivé pilote et ai perçu de l’argent. Le hic c’est les maths, le jeu prend rapidement fin par sa propre propagation, seize payeurs uniques pour un receveur unique, pas besoin d’être expert pour comprendre que c’est voué à l’échec. Néanmoins les premiers pilotes gagnent toujours et en cela ce jeu reste actuel et troublant.

 

Capitalisme, grand jeu de l’avion ?Avion écrasé
Je rappelle ici la récente escroquerie historique de Madoff basée sur ce principe, sauf que là il n’y a qu’un seul pilote, lui. Plus de cinquante milliards en jeu, s’il doit sortir de l’avion c’est forcément avec un joli coussin. Quant aux passagers qui ont payé, plus moyen d’avancer dans un nouvel avion, c’est de la perte pure et simple.

Le capitalisme n’est-il pas basé sur les principes du jeu de l’avion? Si on considère que le cumul de capital repose sur l’achat du plus grand nombre, il est difficile de répondre par la négative. En effet plus de gens achètent mon produit, plus j’accumule de l’argent et investis pour plus produire. Jusque là tout va bien, mais je prends soin en tant que pilote de blinder mes arrières au cas où je doive quitter l’avion, donc je réserve un maximum d’argent à mon profit personnel. C’est en cela que je diffère du reste de l’équipage, j’ai accès à l’argent et eux non. Je suis en haut de ma pyramide et ça m’arrange. Tous les subalternes veulent ma place et se battent farouchement pour l’approcher seulement. Les lois sur l’héritage font le reste...

Nous le savons tous au fond de nous-mêmes, la pérennité de l’humanité est sujette à une remise en question de ses fondements de société. Nous avons réussi ces deux derniers siècles à placer la cupidité comme première vertu, afficher sa richesse est source d’admiration, s’enrichir est le seul but de notre passage dans cette vie. Si tout le monde avait la possibilité de jouir des richesses que nous créons alors les choses seraient juste idéales, mais le système que nous avons mis en place sur cette base pyramidale ressemblant au jeu de l’avion oblige l’appauvrissement du plus grand nombre et l’enrichissement de quelques uns. Il s’agit là d’une aberration impressionnante et nous continuons de l’alimenter, quel gâchis!

Pour que la pyramide fonctionne, il faut une croissance perpétuelle, au moins du nombre d’humains qui consomment. Les fameux "marchés" que représentent les nations deviennent de nouveaux passagers dans notre avion. Pas besoin d’être expert pour comprendre que la surpopulation engendrée par ce système devient la cause première de tous les maux: augmentation des besoins en matière première, augmentation des besoins énergétiques, production massive de nourriture en faisant fi des lois naturelles, etc. Les polluants générés par l’accroissement de la production sont évidents et commencent à gangréner la planète et la vie dans son ensemble.

Lors du combat droite-gauche propre au 20e siècle, le bloc de l’est a tenté d’abolir le capitalisme et d’instaurer une société dont les richesses seraient partagées par tous. L’histoire nous a montré l’échec de ces systèmes, il vaut la peine d’essayer de comprendre ce qui n’a pas joué, car le projet semblait fort séduisant. Pour résumer en peu de mots, les pays socialistes (ou communistes) n’ont pas été majoritaires. De ce fait ils ont été contraints de s’enfermer au reste des pays capitalistes pour n’en pas subir les influences liées au cumul de richesses, limitant ainsi la liberté de penser pour que ne se réveillent pas de groupes qui remettraient en question le vaste projet. En faisant ainsi les membres de ces sociétés ont commencé à perdre confiance en leurs propres dirigeants, et à recentrer leur intérêt sur la sauvegarde de leurs proches. Les dirigeants eux-mêmes ont mordu à l’hameçon du capitalisme en se laissant corrompre lors de leurs accès dans le monde dit libre. Le temps fait son travail et c’est la chute inévitable.
Il va de soi qu’un paragraphe est bien léger pour donner une analyse sérieuse, mais ce qui est important c’est l’enseignement que nous pouvons tirer de cette expérience. L’humain a agi comme il devait le faire, dans son état de conscience encore basé sur la survie et la sauvegarde des siens. De ce fait il n’était pas prêt pour l’application en toute honnêteté d’un tel système. Pour que cela fonctionne il faut avoir fait disparaître la cupidité de sa nature. Tant que cette cupidité persiste, l’humain est prêt à tout pour son propre intérêt. La solution n’était pas dans les complexités des formules, mais dans l’humain lui-même, dans son éveil individuel.

Une fois encore c’est au fond de nous que résident les réponses et les trésors. 

Orlandres

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